Le spectacle du bousier en pleine activité est assez étonnant. De la famille des scarabées, ce coléoptère au corps court, voûté, plus fin à l'arrière et d'une couleur qui va du brun foncé au noir mat, passe une grande partie de sa journée à rouler de la bouse et des excréments qu'il trouve sur le sol de la savane. Il transporte des boulettes qui peuvent être de vingt à quarante fois plus grosses que lui, sachant qu'il pèse de 2 à 2,5 grammes pour une taille de 6,5 à 12 millimètres. De ses pattes postérieures très dégagées vers l'arrière et dentées, le bousier s'arc-boute sur la matière et progresse à reculons en poussant sa boule vers un emplacement de terre meuble. Après un parcours éprouvant au cours duquel il montre une opiniâtreté rare, l'insecte n'aura plus qu'à enfouir sa pelote dans la terre, où la femelle bousier pondra de vingt à vingt-cinq œufs dans une cellule aménagée à cet effet. Cet amas d'excréments servira en fait de nourriture à la larve qui éclora et qui y vivra jusqu'à ce qu'elle devienne nymphe, surveillée par ses parents. Ces boulettes sont poussées aussi bien par le mâle que par la femelle. Parfois les partenaires ne sont pas d'accord sur la direction à prendre ou sur l'endroit où il faut les enterrer. Certains se sont amusés à évoquer le mythe de Sisyphe pour parler de la condition de ces insectes.