Le fourmi-lion en lui-même n'a rien de particulier. Il s'agit d'un insecte parmi tant d'autres qui, avec ses ailes transparentes, son corps trapu, un long abdomen, trois paires de pattes, deux antennes et deux gros yeux globuleux, ressemble à une libellule. Il mesure 75 millimètres. Au repos, ses ailes se replient en toit sur son corps. On ne sait pas grand-chose du fourmi-lion car on l'aperçoit rarement. Le jour, il se repose, immobile, camouflé dans les buissons. Ce n'est que le soir qu'il s'active, volant de-ci de-là. Un caméléon, un héron ou un petit mammifère peuvent le choisir comme repas.
Ce qu'il y a de plus original chez le fourmi-lion, c'est sa larve, et plus particulièrement la tactique de chasse de cette dernière, impressionnante. D'abord, elle fabrique son piège. Procédant à reculons, avec ses pattes postérieures fouisseuses, semblables à celles des taupes, elle trace sur le sol sableux ou pulvérulent un sillon circulaire, et creuse toujours plus profondément en suivant une spirale de plus en plus serrée. S'aidant de la tête pour rejeter à l'extérieur les particules de terre, elle construit ainsi un entonnoir dans le sol. Une fois son travail terminé, la larve du fourmi-lion s'enterre au fond de l'entonnoir d'où seule sa tête dépasse, mandibules ouvertes. Immobile, elle n'a plus qu'à attendre sa proie avec une patience aussi longue que son métabolisme est bas. Quand une fourmi ou un autre insecte arrivent au bord de l'entonnoir, le sol instable se dérobe sous eux et ils glissent directement dans les pinces du fourmi-lion. Le prédateur n'a plus qu'à paralyser sa proie en lui infligeant une morsure venimeuse, et le tour est joué. La larve du fourmi-lion suce alors les humeurs vitales de sa victime par ses pinces creuses, puis la rejette en dehors de l'entonnoir. Cette dernière n'a aucun moyen de se sortir du piège. Si par miracle elle a réussi à se cramponner aux parois du trou, le fourmi-lion la bombarde de sable avec sa tête et l'animal n'a plus la force de résister. Il arrive que des bébés souris, même vigoureux, se fassent capturer et tuer par cette étonnante larve que rien n'arrête. D'où peut-être l'origine de son nom, bien qu'il n'y ait pas de certitudes.
La larve hiberne, et ce n'est qu'au bout de la troisième année qu'elle se transforme en nymphe. Elle se construit alors sous terre un cocon de soie, dur à l'extérieur mais rembourré à l'intérieur, d'où sortira l'insecte définitif.