Le vautour commun d'Afrique n'est déjà pas une bête très gracieuse. Le vautour oricou, lui, n'est guère plus sympathique, avec sa tête rose totalement chauve juchée sur un long cou tout aussi rose et déplumé. Le tout contrastant avec le reste du corps sombre, les pattes et les flancs blancs. Au repos, les ailes noires et refermées donnent l'impression qu'il porte une culotte. L'oricou, qui fait partie d'une des quatorze espèces des vautours de l'Ancien Monde, est le plus grand des vautours, avec une envergure de 2,50 m à 3 m. Il est également le plus puissant, avec un bec capable d'entailler le cuir de n'importe quelle carcasse. Les autres vautours charognards n'ont plus qu'à battre en retraite quand, fort de sa suprématie, l'oricou les écarte pour dépecer un cadavre, seul ou avec sa compagne.
Tout comme le vautour commun, il est capable d'avaler une grande quantité de nourriture (de 3 à 4 kg) en très peu de temps. Il lui arrive aussi de tuer lui-même de petits animaux, de dévorer des œufs d'oiseaux, et même des criquets et des termites, qu'il repère grâce à sa vue perçante. Son moment favori pour chasser se situe juste après le lever du jour. Quelques heures avant le coucher du soleil, les oricous se rassemblent au sommet des arbres, surtout des acacias, pour y passer la nuit. Fait de branchage et garni de touffes d'herbes, le nid est à la taille des oiseaux : 2 mètres de diamètre.
En période de reproduction, les oricous se livrent à une parade nuptiale qui ne passe pas inaperçue, au cours de laquelle les évolutions aériennes se succèdent. Lors de la saison sèche, la femelle pond un seul œuf, blanc avec des taches brunes, que les deux parents couvent pendant deux mois. Le nouveau-né vautour se voit accorder un sursis avant de prendre l'apparence des adultes puisqu'il naît entièrement brun, à l'exception de la peau de la tête, de couleur grisâtre. Le père et la mère se relaient également pour nourrir le petit. D'abord en régurgitant dans son bec la nourriture qu'ils viennent d'avaler, puis en lui apportant de la viande. Tant que le jeune n'est pas emplumé et qu'il n'est pas capable de voler, c'est-à-dire pendant une période de 110 à 120 jours, il reste au nid. Il y sera encore nourri par ses parents durant deux mois. Si aucun prédateur comme un autre vautour ou un aigle ne vient le dévorer, l'oricou peut espérer vivre de vingt à trente ans en milieu naturel, et cinquante ans en captivité.