Voilà un animal qui est doté d'un physique très spécial : le phacochère ressemble à un sanglier, avec une tête énorme, aplatie au sommet, dont la face serait entachée par deux paires de protubérances qui ressemblent à des verrues. Elles renferment les glandes avec lesquelles l'animal délimite son territoire ou émet des signaux à ses congénères. La première paire de verrues est placée sous les yeux, un peu de côté, l'autre, plus petite, un peu au-dessus de la commissure des lèvres. Autre particularité du phacochère, ses dents. Les canines sont transformées en défenses : celles de la mâchoire supérieure sont plus longues et plus fortes, surtout chez les mâles (elles peuvent atteindre 60 cm chez les individus âgés), poussant d'abord latéralement puis s'incurvant vers le haut et l'intérieur. Les canines inférieures, plus fines et moins longues, s'usent contre les défenses supérieures et deviennent très aiguisées, formant ainsi une arme redoutable face à des prédateurs qui ne dépassent pas son poids. Le phacochère adulte n'en craint véritablement que deux : le lion et la panthère. Ces porcs sauvages dont la peau est gris noirâtre, souvent plissée, avec des poils clairsemés plus longs sur la croupe, vivent en couples ou en groupes de cinq à huit animaux, parents et enfants. Ils s'associent parfois à un autre clan, mais chaque groupe garde son autonomie. Seuls les vieux mâles finissent leur vie en solitaires.
A la différence d'autres porcs sauvages africains, le potamochère par exemple, les phacochères s'activent dans la journée. Dès le lever du jour, la famille part à la cueillette. Direction, les alentours des mares et les berges des rivières, terres meubles qu'ils peuvent fouiller de leur groin large et court, et gratter avec leurs défenses, à genoux sur leurs antérieurs, à la recherche de nourriture : tubercules, bulbes, graines, herbes tendres, insectes, œufs d'oiseaux et de reptiles. Ce qui ne les empêche pas, en cas de sécheresse, d'avaler des charognes d'oiseaux ou de petits rongeurs. Quand la famille phacochère estime que la chaleur est trop forte, elle part s'abriter à l'ombre d'un arbre bas ou sous un arbuste touffu et fait la sieste. Puis, en fin d'après-midi, les animaux repartent chercher de la nourriture et ne s'abreuvant que si l'occasion s'en présente. Au moindre danger, ils détalent, queue haute et droite, leur longue crinière qui descend de la tête jusqu'à la naissance de la queue bougeant au rythme de leur course, pour se réfugier dans un terrier. Les parents entrent les derniers, et à reculons, pour protéger les petits de leurs éfenses. Les animaux de la savane doivent une fière chandelle au phacochère, grand pourvoyeur de terriers à égalité avec l'oryctérope et le porc-épic.
L époque du rut est marquée par des combats entre les mâles, qui se disputent la possession d'une partenaire et défendent l'aire nuptiale. Après une gestation de cinq à six mois, la femelle met bas, le plus souvent pendant la saison des pluies, de deux à huit petits. Ils restent enfermés une semaine dans le terrier, où leur mère les allaite. La durée de vie d'un phacochère est de dix-sept ans.